mercredi 27 juillet 2016

JOURS INTRANQUILLES À AUVERS (5)

Lettre à Théo et Jo  (25 mai 1890)

Mon cher Théo, ma chère Jo,
Merci de ta lettre que j'ai reçue ce matin, et des 50 francs qui s'y trouvaient. Aujourd'hui j'ai revu le Dr Gachet et je vais peindre chez lui mardi matin, puis je dînerais avec lui et après il viendrait voir ma peinture. Il me paraît très raisonnable, mais est aussi découragé dans son métier de médecin de campagne que moi de ma peinture. Alors je lui ai dit que j'échangerais pourtant volontiers métier pour métier. Enfin je crois volontiers que je finirai par être ami avec lui. Il m'a d'ailleurs dit que si de la mélancolie ou autre chose deviendrait trop forte pour que je la supporte, il pouvait bien encore y faire quelque chose pour en diminuer l'intensité, et qu'il ne fallait pas se gêner d'être franc avec lui. Eh bien ce moment-là où j'aurai besoin de lui peut certes venir, pourtant jusqu'à aujourd'hui cela va bien. Et cela peut devenir encore mieux, je crois toujours que c'est surtout une maladie du Midi que j'ai attrapée et que le retour ici suffira pour dissiper tout cela.
Souvent, fort souvent je pense à ton petit et je me dis alors que je voudrais qu'il fût grand assez pour venir à la campagne. Car c'est le meilleur système de les élever là. Combien je souhaiterais que toi, Jo et le petit preniez un repos à la campagne au lieu du voyage traditionnel en Hollande.
Oui je sais bien que la mère voudra absolument voir le petit et c'est certes une raison d'y aller, pourtant certes elle comprendrait si c'était réellement l'avantage du petit.
( à suivre )

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