mercredi 15 juin 2016

JOURS INTRANQUILLES À AUVERS (1)

Lettre à Wil  (20 mai 1890)

Ma chère sœur,
Depuis quelques jours déjà j'avais voulu répondre à ta bonne lettre que j'ai reçue à Saint-Rémy. Cela n'allait plus là-bas et j'y devenais plutôt malade davantage par le traitement. À Paris cela a été grande joie pour moi de revoir Théo et de faire connaissance avec Jo et le petit. Jo a fait sur moi une impression excellente, elle est charmante et bien simple et brave. Oui, cela me paraît aller vraiment aussi bien que possible pour le moment.
Et quant à moi, je redoute encore pour le moment le bruit et les tracas de Paris et je suis immédiatement parti pour la campagne - dans un vieux village. Il y a ici des toits de chaume moussus qui sont superbes et dont certainement je ferai quelque chose. Puis je crois que le médecin auquel je suis recommandé me laissera faire absolument comme si rien n'était.
À Saint-Rémy les derniers jours j'ai encore travaillé avec rage. Des grands bouquets de fleurs, des iris violets, des grands bouquets de roses, des paysages. Cela a été drôle de revoir toutes mes toiles depuis le commencement, depuis que je suis parti. Mais j'aurais bien voulu que tu eusses encore vu les vergers d'oliviers que j'ai rapportés à présent, à ciels jaunes, roses, bleus assez différents. Je crois que c'est là des toiles qui n'ont encore guère été peintes comme cela. Les autres jusqu'à présent les peignaient toujours en gris. J'ai vu avec un immense plaisir l'exposition du Champ de Mars où il y a beaucoup de choses que j'aime fort.

 ( La fin manque.)

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