lundi 18 janvier 2016

AUTOUR DE LA MAISON  (11)

Je trouvai la chemise de nuit que j'avais balancée sur la banquette arrière. Je l'enfilai à toute vitesse pendant que le garde coupait le moteur, abaissait sa vitre « Madame bonjour. Quelque chose qui ne va pas ? » Bonjour, non tout va bien. Je viens de prendre un bain. C'est une amie chinoise qui me l'a conseillé. Très bon pour la santé. Au début c'est dur, mais on s'y fait vite « Moi je ne m'y ferais pas. Vous savez, les Chinois, ils n'ont pas toujours tort, mais ça ne veut pas dire qu'ils ont raison sur tout » Je ramenai les pans de la chemise de nuit sur ma chair de poule. Son regard me perçait. Il me passait aux rayons X. J'étais sûre de son diagnostic : « Encore une qui en tient un grain. La ville les azimute. On devrait tous les enfermer » Je tentai une diversion : En tous cas je vous remercie. Mais vous avez sans doute beaucoup de choses à faire « Moi mon boulot c'est la forêt. Les gens, du moment qu'ils n'y touchent pas, c'est pas mes oignons » Je vous approuve. Moi aussi j'aime les arbres. Spécialement les sapins. Quand il y a un peu de vent, on les entend presque parler. Je compris, mais trop tard, que j'en avais trop dit. Il me regardait en réfléchissant. Je craignais le pire « Moi je ne cherche pas midi à quatorze heures. Quand je vois un arbre, c'est du bois qui pousse et pas autre chose. Mais comme vous le disiez, j'ai pas que ça à faire. Je vous laisse. Attention... » il hésita quelques secondes, puis poursuivit, en démarrant : « Attention au rhume. C'est vite arrivé. Le rhume des sapins, c'est le plus sévère » Et il partit sans même m'avoir saluée. Je piquai un fou rire. De quoi avais-je eu peur ? Qu'est-ce qu'il pouvait me faire ? Sur le chemin du retour, des gens me saluèrent. Ils avaient sans doute reconnu la chemise de nuit de ma mère.
( à suivre )

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