mercredi 28 janvier 2015

DERNIER TANGO À L.A. (2)

C'est au Pierre, en face de Central Park, où il s'est installé en rentrant de L.A., que Lennon a composé la plupart des chansons de cet album qui doit succéder à Mind Games, publié l'année précédente. Le thème qui domine ses nouveaux morceaux, c'est l'absence de Yoko Ono, dont il est séparé depuis l'été précédent - on lui attribue cette fameuse phrase prononcée a posteriori : " Notre séparation a été un échec total " -, dans une tentative complètement ratée de pallier certains manques qui semblent déséquilibrer une relation jusque-là incroyablement fusionnelle.
Going Down on Love, le premier titre, donne par exemple une assez bonne indication de l'état d'esprit plutôt sombre qui a dominé les premiers mois, Lennon paraissant totalement désorienté par l'absence de Yoko. Un peu plus loin Bless You, qu'il considérait comme la meilleure chanson du disque, est une réflexion sur l'amour qu'il lui porte et "la façon dont l'amour évolue, ce qui est une des surprises que nous réserve la vie. Ce n'est plus tout à fait la même chose même si c'est encore de l'amour, et Bless You parle en partie de ça". What You Got, quant à elle, évoque directement Yoko et ce qu'il a perdu en la quittant. Au départ une chanson rockabilly inspirée par Carl Perkins et pastichant le Rit It Up de Little Richard, elle se transforme en performance disco-funk telle que les O'Jays pouvaient la pratiquer alors avec succès. Pourtant, c'est bel et bien May Pang, sa compagne du moment, qu'on entend sur #9 Dream, somptueux titre mid-tempo gorgé de chœurs et de cordes, aux arrangements directement inspirés de ceux que John avait écrits pour la rep- rise du Many Rivers to Cross de Jimmy Cliff, enregistrée par son ami Harry Nilsson, lequel cosigne la ballade Old Dirt Road - sur laquelle il assure également les backing vocals.

(à suivre)   © Manuel Rabasse 2014

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