lundi 22 décembre 2014

LES BONS PLANS (24)

Le moi prend trop de place. On a beau le repousser, le remettre à sa place, au fond dans un coin, ça ne dure pas. Il se rétracte comme la corne de l'escargot avant de revenir plus goguenard encore, requinqué de sa propre suffisance. Le je c'est pareil. Il est omnivore, omniscient, il ruisselle si facilement qu'avant d'avoir fini de le torcher d'un côté, il a inondé l'autre dans votre dos et ruiné tous vos efforts. Alors comment les combattre ? Comme souvent, le meilleur angle d'attaque est celui de la logique, du rationnel, de l'arithmétique. À quoi équivaut le je, à quoi se réduit le moi ? À l’évidence, pas à lui-même puisqu'il n'est la cause de rien, juste un effet secondaire. Le moi ne génère pas le je, ni n'est généré par lui. Je n'est pour rien dans l'essence du moi, il n'en est ni le verbe ni le sujet. Je n'est qu'un hiatus, un artifice, une décoration. Son unique raison d'être est le dessein de ses parents, qui eux-mêmes ne sont rien que le dessein des leurs. Et encore, pas toujours. Si l'on accepte ce postulat, on poursuit le compte à rebours à l'infini jusqu'au premier être vivant. Puis jusqu'à une hypothétique autorité nommée dieu. En fait, je est dieu, ni plus ni moins, ni profane ni sacré. Ordinaire. Discutable. Donc un individu qui ne croit pas en dieu n'a aucune raison d'être. Ceci était un bon (?) plan pour se prendre pour ce qu'on est, rien.

P.S. pour les adhérents aux religions, mon plan ne fonctionne pas. Qu'ils aillent chercher du réconfort auprès de leur délégué syndical. 

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