vendredi 17 mai 2013

Extérieur rue pavée, beau temps, nuages voyageurs ; je repasse sur le tournage après m'être absenté plusieurs jours ; l'atmosphère est détendue et bon enfant ; la symbiose est totale entre les techniciens et les acteurs ; « mais où sont les acteurs ? » Michel ne répond pas, il passe son bras autour de mes épaules et me fait une bise sur l'oreille droite, tout en m'attrapant la gauche ; « hé quoi, fait-il devant mon mouvement de recul, tu ne me fais pas la même chose quand tu viens me voir ? » le plan de travail est respecté ; remarquant mon regard circulaire et interrogateur, Michel prend les devants « ne cherche pas d'hommes ni de femmes, il n'y a que des animaux »... « mais vous n'avez pas trouvé de figurants ? »... « si, quelques-uns, mais c'est toi qui as insisté, tu as dit : l'humain après tout, s'il en reste... c'est pas ce que tu voulais ? » si... « tu n'es jamais là, alors on a fait comme on l'a senti » ; effectivement, le lieu tient plus de la ménagerie que du plateau de tournage ; un poulain trottine librement, le nez au vent ; dans un coin, un âne étrillé de frais brille comme un sou neuf, une poignée de foin doré dépassant de sa bouche ; deux énormes geais se disputent une massue de jongleur ; nous croisons Jeff le régisseur ; il est occupé à projeter en l'air des sachets en plastique remplis de sauce bolognaise qui s'écrasent au sol en dessinant des soleils éclaboussés ; cinq ou six chiens lèchent le pavé en guettant les prochains vols ; la place est rouge de traces qui rayonnent dans toutes les directions ; Michel voit mon air dépité « fais pas cette tête-là, c'est les effets spéciaux ; tu m'as laissé carte blanche, oui ou non ? » oui, bien sûr, blan- che, mais pas orange ; il éclate de rire en même temps qu'un autre gros plein de sauce...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire