mardi 21 février 2012

L'oncle Fernand. Un homme de taille moyenne, assez corpulent, avec des lunettes rondes à monture fine, une moustache et une bande de cheveux blancs entourant une calvitie sommitale. Il portait une veste d'intérieur grise avec une ceinture bordeaux. Avec mon cousin nous lui rendions visite depuis chez nos grands-parents qui habitaient à quelques rues de là. L'appartement était au deuxième étage. C'était une surenchère dans l’obscur, dans l'à peine visible, un voyage au bout de l’absence de lux. Ayant gravi les marches d'un escalier frais aux senteurs de cave, nous débouchions sur un palier idéal pour jouer à cache-cache les yeux ouverts. Après que l'un ou l'autre de nos juvéniles index eût poussé le bouton de la sonnette, l'oncle nous faisait entrer dans un vestibule crépusculaire. De là nous passions dans la cuisine, pas plus éclairée qu'une mansarde, et quelquefois dans la salle à manger où il faisait carrément nuit noire. La tante Blanche était là aussi. Je ne me souviens pas de son visage, mais ses cheveux étaient blancs. De quelle source lumineuse sa coiffure capturait-elle le rayonnement ? Impossible de le dire. Seconde trace lumineuse dans ce palais de l’ombre, les petites figurines qu'onc' Fernand disposait sur le rebord de la fenêtre de la cuisine, qui donnait sur la cour intérieure de l'immeuble. C'étaient de petits animaux en plastique couleur ivoire que l'on trouvait dans les paquets de café. Avant de repartir, il nous donnait à chacun un billet de 500 francs, des Victor Hugo qu'on s'empressait de démonétiser aux Nouvelles Galeries contre un jeu ou un sac de billes. Puis retour rue du Général L., juste en face de la statue de Jeanne d'Arc à pied, en attendant la prochaine visite à l'oncle à la voix douce et à la tante aux cheveux blancs.

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