dimanche 16 octobre 2011

Cette nuit, j'ai rêvé que Bob Dylan était venu chez mes parents. Il était là, assis bien droit sur le canapé, bien propre dans sa veste grise de clergyman. Son petit bouc et ses petites lunettes rondes lui donnaient un air à la fois old fashionned et magnifiquement intemporel. Il était chargé de faire une enquête d'opinion sur la société occidentale du 21ème siècle. Il s'adressait à moi en anglais et je n'avais aucune difficulté à lui répondre. La conversation portait sur des considérations générales sur la tranche des 16-25 ans, leurs préférences alimentaires et artistiques, leurs loisirs, leurs hobbies, etc. Je lui fis observer que j'avais dix ans de moins que lui et que la jeunesse s'était éloignée de moi au point que je n'en discernais plus les contours. Cette remarque le fit sortir de son questionnaire. « You know how old I am ? ». Lisant la surprise sur son visage, je saisis cette occasion inespérée de détourner la conversation sur lui, ses chansons, sa musique. « Yes I do, and much more about you ». Poussant mon avantage, je pris mon cerveau par les deux hémisphères et me mis à chantonner « so I forced my hands in my pockets and felt with my thumbs... and galantly handed her my very last piece of gum... » Il hocha la tête... « it's a nice verse indeed... did you write that ? » Les bras m'en tombèrent. « You're kidding me, you wrote that song !... don't remember 4th time around ? » Visiblement non, cela n'évoquait rien pour lui. « Bob, if you please, tell me about Andy Warhol, Edie Sedgwick, the Factory... the silver paper leaves on the walls... did you ever meet Lou Reed in there ? »... « Oh, Lew, yes... I like the way he built most of his sound-tracks, backwards... the finale is up, starting over a false start, which is down... yeah, great melodist and songwriter »... et mon enquêteur de fredonner, les yeux sur la ligne bleue des Vosges « all these Jim-Jims in this town... and everybody's puttin' everybody else down... » Waow ! Bob Dylan en admirateur de Lou Reed, j'avais un peu de mal à y croire, ayant quelques souvenirs d'échanges acerbes par presse interposée entre ces deux pôles de Greenwich Village. J'allais lui dire mon sentiment sur "the velvet man", quand mon regard croisa celui de ma mère dont la frêle silhouette ne remplissait que très imparfaitement l'encadrement de la porte du salon. Sa physionomie trahissait une muette interrogation : « mais tu le connais ?!? », agrémentée d'une discrète proposition : « one more cup of coffee ? » Là, elle m'a cueilli. Alors que j'en suis resté à son époque sixties, elle connait tout le répertoire du révérend Zimmerman !
  

1 commentaire:

  1. ok! un hommage sous forme de pastiche au Zimm'. Tu devrais lui envoyer ce texte, il serait capable de le chanter sur un air folk blues circa 1932 lors de son prochain passage par la France; si! envoie lui!

    RépondreSupprimer