mercredi 14 septembre 2011

L’homme qui était né deux fois (1)


Il était né deux fois. Une première fois le 14 juillet 1889, puis rené le 11 novembre 1918, si bien qu’il eût sa fille à 2 ans, son fils à sept, et ses premiers congés payés à 17 ans et demi. Quand arriva la seconde guerre mon dieu pour ne pas être appelé une deuxième fois, il fit valoir sa première naissance - c’était de bonne guerre - et il put ainsi après 5 années de galère civile passer directement à l’après-guerre, ayant déjà survolé l’entre-deux-guerres puisqu’il était rené juste à la fin de la première et qu’il avait eu deux enfants en bas âge. S’il nous voyait jouer avec des pistolets ou des fusils, il se fâchait tout seul et on arrêtait, le charme était rompu. L’expression « mort au champ d’honneur » le rendait amer, car il ne voyait pas d’honneur dans le massacre organisé. Pour l’honneur, j’étais d’accord avec lui, mais pour « fauché au champ », je trouvais que ça disait bien ce que ça voulait dire. Son champ d’action à lui c’était la rue. Dès que le talon de sa chaussure touchait l’asphalte, une mécanique de précision se mettait en marche et on pouvait le suivre au bruit de son pas qui sonnait sans jamais trébucher, tel un métronome le guidant vers son urbaine destination, les bureaux de l’Inspection d’Académie, place Jean Cornet, en ville ( E.V.)...

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