dimanche 18 septembre 2011


LE CLUB DES MÉPRISANTS

Situé derrière la gare d'Auster- litz, ce club groupait des mem- bres méprisants. Les réunions avaient lieu en principe le lundi et se déroulaient au milieu d'un profond mépris. Le processus en était toujours à peu près le même, le président jetait un regard méprisant sur les mem- bres, ceux-ci le regardaient en ricanant, certains lui tournaient ostensiblement le dos, d'autres crachaient par terre. Le prési- dent haussait les épaules et lisait trop vite et du bout des dents un texte désinvolte qu'il froissait ensuite entre ses mains. Ces réunions ne pouvaient durer plus de quelques minutes en raison de l'animosité qui ne cessait de croître entre les membres que seul leur mutuel mépris empêchait de se battre. Cela ne pouvait donc durer et ne dura pas en effet plus de quatre ans ce qui n'est déjà pas négligeable.

LES GROS CHIENS, textes de Chaval - achevé d'imprimé le 20 février 1967 sur les presses de l'imprimerie Color à Montreuil pour le compte de Jean-Jacques Pauvert éditeur

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