mardi 30 août 2011



Revue de Paquetage


Fouillant l’uniforme feldgrau de mon œil
l’iridologue en examinait chaque tache
chaque usure, aucune à l’autre pareille
mêlant des encres oxydées de port d’attache

À main levée, il a fait un rapide croquis
de mes deux iris sans les quitter des yeux
après quoi, d’un index fouisseur et nerveux
il a pointé dans son grimoire des mots précis

De lui si absent, si présentement absorbé
je devinais l’image de ces lettres gothiques
sur sa rétine, créant un courant électrique
qui guidait sa main mécanique sur le papier

Il relevait la tête mais ne me voyait pas
comme un jeune cerf, la truffe au vent
qui sait d’instinct que le vent ne ment pas
et n’a jamais douté ni de l’air, ni du temps

Pour finir, il a écrit sur l’ordonnance
la liste des solutions, des triturations
tout en vrac, mais en virtuelle communion
me disant à la hâte l’emploi des substances

Je l’ai quitté à regret, et relisant ses notes
comme un billet doux, j’ai vu le léger remous
de mon aveu versé dans la langue de Goethe
lebt in der vergangenheit… pas d’antidote

Vit dans le passé… un œil clair, l’autre flou
pour en sortir, il faut y passer, mais par où ?


                                                        ( à Armand Robin )

1 commentaire:

  1. [...]
    mêlant des encres oxydées de port d’attache
    [...]
    et n’a jamais douté ni de l’air, ni du temps
    [...]

    Exquis, tout simplement !

    RépondreSupprimer