JOURS INTRANQUILLES À AUVERS (20)
Lettre à sa mère et Wil (entre le 10 et le 14 juillet 1890)
Merci de tout cœur pour vos bonnes lettres qui m'ont fait bien plaisir.
En ce moment, je me sens plus calme que l'an dernier, l'inquiétude qui me troublait la tête s'est vraiment apaisée. D'ailleurs, j'étais certain depuis longtemps que me retrouver parmi les miens aurait cet effet.
Je pense souvent à vous deux et j'aimerais vous revoir. C'est très bien que Wil aille travailler à l'hôpital et qu'elle trouve les opérations moins pénibles qu'elle ne l'aurait cru, cela vient de ce qu'elle apprécie la façon dont on allège la souffrance, et de ce que beaucoup de médecins font tout ce qu'ils peuvent, simplement, raisonnablement et avec bonté. Voilà ce que j'appelle prendre les choses comme il faut, avec confiance. Mais, comme vous le dites, il n'est pas moins nécessaire, justement pour la santé, de travailler au jardin et regarder les fleurs pousser.
Quant à moi, je suis entièrement absorbé par cette étendue infinie, vaste comme la mer, des champs de blé qui couvrent les collines, par la beauté des jaunes, la beauté des verts tendres, le bel indigo des terres sarclées et labourées, avec cette marqueterie régulière du vert des plants de pomme de terre en fleur, tout cela dans une belle lumière aux tons bleus, blancs, roses, violets. Je suis tout à fait dans la disposition, presque de trop grand calme, dans la disposition qu'il faut pour peindre cela.
J'espère de tout cœur que vous passez de bonnes journées avec Théo et Jo, que vous les voyez, comme moi, s'occuper si bien de leur petit, et que lui aussi, malgré tout, se porte bien. Les enfants d'Anna doivent être déjà grands. Pour aujourd'hui je vous laisse, il faut que j'aille à mon travail, je vous embrasse tous en pensée.
Votre affect.
Vincent.
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