vendredi 4 mars 2016

Un jour de 2002, alors que je passais quelques jours chez mes parents et que j'étais allé accompagner ma mère en courses, nous retrouvâmes mon père avec l'oreille coupée. Quand je dis coupée, elle n'était pas détachée du crâne. C'était juste le lobe droit qui avait été cisaillé, comme saisi par les mâchoires d'une tenaille. Il ne tenait plus que grâce à une fine enveloppe de peau. Interrogé sur ce qui s'était passé, dad'y restait étonnamment calme. Mi-amusé, mi-intrigué, mi-absent*, il disait qu'il ne se souvenait de rien de particulier, ni chute, ni malaise. Il ne voyait pas le problème. Apparemment, son oreille ne lui faisait pas mal, ce qui nous étonnait car on voyait ce petit morceau de chair cyanosé qui menaçait de tomber. Plus étrange encore, la plaie ne saignait pas, et en faisant le tour de la maison, je ne trouvai aucune trace de sang. Nous l'emmenâmes aux urgences. Le médecin de garde lui non plus ne trouva pas d'explication à cette blessure peu commune. Il donna les soins appropriés, fit quelques points de suture et nous rentrâmes rassurés. Quand je quittai mon peintre policier receleur de pommes de père, il avait encore un volumineux pansement à l'oreille droite. J'eus une pensée émue pour les autoportraits de Vincent en me disant que le hasard, jamais ne serait aboli par une pince coupante.  ~)(~

* je sais, ça fait trois demis, mais l'histoire est singulière, non ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire