Mick
contrôle tout et fait les choses à fond, il ne fait pas de sentiment,
mais il n'est pas sérieux. Mac contrôle un peu moins et il fait du
sentiment, mais il est plus sérieux. Mick a la perversité qui manque à
Mac. Mac a la candeur qui manque à Mick. Il y a du plaisir et un malaise
chez l'un et l'autre. Mais Mick
sait comment aimer son malaise, tandis que Mac sait comment le fuir. La
vie est ainsi faite qu'il vous faut les deux. Mac ne s'est jamais mis à
l'héroïne, mais il a aimé le LSD et on l'a pris au Japon, en 1980, avec
de la marijuana. Mick a pris de tout et il était à Redlands, chez Keith
Richards, quand les flics ont débarqué en 1967, pour alimenter leur
légende. Avant la descente, ils avaient laissé filer George : si on
n'aurait pas donné sa fille à Mick, il fallait pouvoir la marier à Mac.
La société n'a aucune sympathie pour le diable. Elle se contente de le
produire, d'en jouir, puis de s'en indigner. Les capotes, vous évitez.
D'abord, ça réduit le contact. Ensuite, vous avez un peu trop écouté
Mick pour être un Mac bien. À cette heure, vous préférez les chiottes
vides et graffitées qui figurent, en 1968, sur la pochette alternative
de Beggars Banquet à la grande parade fleurie occupant, un an plus tôt,
la devanture peuplée de Sergent Pepper. Ce n'est plus à la mode, mais
vous êtes indécent et risqué. La voix et les mots de Mick vous
rappellent que le bien des autres est un produit qui vous emmerde. Caressant la peau désirée, vous vous dites que dans ses derniers
disques, Mac a plutôt mieux vieilli que Mick : en concert, il ne vaut
rien, mais son génie mélodique vit en studio et peut se passer d'un
certain type d'énergie. Il finit toujours par dégager les notes de la
graisse et des années.
© Philippe Lançon 2008 (à suivre)
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