vendredi 4 janvier 2013

Durant l'été 68, les Rolling Stones squattent les Olympic Studios de Londres. Devant l’œil de verre de Jean-Luc Godard et sous le regard absent de Brian Jones grattant sa guitare acoustique dans son box comme un pèlerin bouddhiste tourne son moulin à prières, on assiste, non sans un petit frisson rétrospectif, au spectacle fascinant de la gestation d'une chanson. Pas n'importe quelle chanson. Sympathy for the devil. Un morceau qui rayonne sur le parcours artistique et erratique du groupe, tantôt le sortant de l'ornière, tantôt l'y replongeant, mais qui lui confère cette aura si rare qui distingue le grand maître du petit élève. Ce film [ one + one ] est sorti en 1969. Je l'ai vu en salle en 1972 ou 73, puis revu plusieurs fois à diverses occasions. On y voit un Mick Jagger perché sur son tabouret de bar, apprenti sorcier flairant l'odeur de bouillon indigeste qui s'échappe de je ne sais quelle marmite, plus un Nicky Hopkins aux ordres, passant à la demande d'un mid-tempo vitreux à un staccato inepte sur un clavier régurgitant un son d'orgue Bontempi. Que Lucifer me change en pâte à churros si je mens ! On y voit un Bill Wyman apathique plus un Keith Richard dans sa chemise bleu marine à pois blancs, vautré sur le tapis, cloué au sol, réduit à l'impuissance, à deux doigts de se noyer dans un filet d'eau saumâtre, car ce qui sort des moniteurs s'apparente plus à un résidu de caniveau qu'à une composition musicale. Et alors, me direz-vous, nous savons tout cela ! Oui, mais savez-vous qu'Eric Clapton était là, dérobé à la caméra par quelque paravent, et qu'il a participé à cette tentative de tirage du diable par la queue ? Il aurait mis ses dix doigts et ses six cordes au service de cette entreprise (S. for the D.), à l’initiative de Keith Richard. Tel est le scoop révélé par François Busnel lors de la rediffusion d'un volet de son émis- sion "Beatles vs Rolling Stones, la grande battle", le 28 décembre dernier sur France Inter. Serais-je tombé malencontreusement - et pas qu'une fois - dans une trappe du réel, ce qui m'aurait empêché d'avoir connaissance de ce fait ? Me l'aurait-on caché pour une raison que j'ignore ? L'aurais-je volontairement effacé de ma mémoire ou laissé dépérir dans les oubliettes de ma conscience ? Dernière hypothèse : les fiches confectionnées par les petites mains du service public à l'usage de FB contiendraient une coquille, le solo de "While George Harrison gently weeps" interférant avec "Boyd Patty for God devil" ?? Mystère, crossfire et hurricane ! Toute information, recoupée SVP, est la bienvenue. Contacter le journal qui publiera. Pas sérieux s'abstenir.

1 commentaire:

  1. On peut pencher pour la coquille. Mais en ce temps-là God n'avait-il pas un oeil partout y compris sur le diable...

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